Rustem sort de son silence

Pros | Publié le par Tibo | 17 commentaires
Samuel Rustem, le stadium manager de l'AS Saint-Etienne est un "homme de l'ombre" comme il se plaît à le dire. Pour la première fois, il est sous le feu des médias, et aurait préféré l'éviter. Il s'est confié dans l'Equipe, sur les événements qui se sont déroulés lors du dernier derby ayant entraîné sa blessure à l'oeil droit :

"En rayant dans la semaine le mot "Saint-Etienne" sur son maillot du centenaire de la Coupe de France floqué du nom de tous ses vainqueurs, Anthone Lopes avait rendu le contexte encore plus tendu. Alors, quand j'ai vu le gardien de l'OL traverser le terrain pour aller saluer ses supporters au coup de sifflet final, j'ai senti une zone dangereuse, de vulnérabilité. Il ne devait pas aller plus loin. Mais il y allait. J'ai donc décidé de l'arrêter, sans excès de zèle. Je me suis approché de lui et je lui ai dit : "S'il vous plaît, monsieur Lopes, il faut rentrer au vestiaire. S'il vous plaît, il..." Mais c'était trop tard."

Le stadium manager reçoit un objet, sans doute une pile en pleine figure : "Le type devrait jouer dans l'équipe de baseball des Yankees de New York, car il m'a touché à plus de 30 mètres" ironise t-il, avant d'expliquer pourquoi il a décidé de cacher immédiatement la blessure avec sa main : "Pour éviter d'effrayer les gens et parce que je n'avais pas le droit de gâcher la fête. J'avais, dans le désordre, trois priorités : l'intérêt du club, mon oeil, et ma femme, enceinte. Je ne voulais pas l'inquiéter." 

Sa femme l'apprendra le lendemain matin, moment ou Samuel Rustem doit retourner aux urgences, victime de la douleur toujours aussi intense. Sa femme accouchera finalement avec un mois d'avance, le 7 février : "j'ai assisté à l'accouchement dans un fauteuil roulant et sous perfusion". Les répercussions de cette soirée sont nombreuses, si son oeil droit a été sauvé grâce à une trabéculotomie, il n'a pour l'heure pas retrouvé la vue, entraînant une perte d'acuité de l'oeil gauche, obligé de compensé. 

Si Samuel Rustem ne veut pas passer pour une victime, ni blâmer Lopes qui n'a même pas pris le soin de l'appeler et de prendre de ses nouvelles, il regrette néanmoins que l'auteur ne soit pas identifié : "C'est la première fois que l'on parle de moi, et c'est en négatif. J'ai juste été un professionnel qui a fait son travail en protégeant un joueur. Lopes a d'ailleurs joué en Coupe d'Europe derrière. Que Lopes m'appelle, ce n'est pas ça qui va me faire guérir. Là où j'ai les boules, c'est que ce crime restera impuni. On ne pourra pas identifier le pauvre gars sans cerveau qui ml'a fait ça. Je savais ce dossier sensible, car les faits étaient graves. Cela ne m'a pas empêché de ressentir un sentiment de culpabilité, car ni moi ni le club n'avons rien à nous reprocher. Et on a tous été punis."
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